Commentaire de Michel de Bom sur "Sandrine des collines" :

C'est Frank qui a eu l'idée d'ajouter ce préambule photos, histoire d'en savoir encore un peu plus sur le passé et le caractère d'Eléonore. A noter l'apparition de son boy Josué qui a eu une telle importance dans sa vie.

 

Le musée. C 'est bien sûr celui de l'Afrique Centrale, à Tervueren, près de Bruxelles. Superbe et, comme c'est bien normal, un peu trop axé sur le passé colonial de la Belgique. De style néo-classique , ce qui rajoute à son charme. Ayant été le (re)visiter pour les besoins de l'histoire, je peux vous assurer qu'il n'y figure hélas pas de "pipe ayant appartenu à Stanley" !

Les adieux à l 'aéroport. Amusement de scénariste : Catherine dit à Broussaille d'essayer de ne "pas tomber amoureux d'une jolie noire". Ce qui lui arrivera pourtant ! Mais pas le genre de noire qu'imagine alors Catherine ! On voit qu'il y a de la tendresse entre eux, qu'ils s'aiment vraiment. Avec cette légère peur de perdre l'autre, même sans qu'il y ait de raison objective. Idem lorsqu'elle dit "redis-moi ca mais en couleurs". Jeu de mots et anticipation de la découverte de l'Afrique par Broussaille. Ce genre de petites anticipations sont agréables à faire ; elles "nourrissent" l'histoire, font qu'on y prendra encore un petit plaisir supplémentaire en la relisant . Je me fais peut-être des illusions ! Evidemment ces anticipations ne sont possible à faire que lorsque on a son scénario complètement bouclé , que l'on sait où on va.

L'oncle René n'a plus vu son frère depuis quinze ans. On sent que Brou vient d'une famille éclatée.

L'avion. Coïncidence (?) : Frank et moi avons tous deux pris l'avion pour la première fois de notre vie pour se rendre à Sierre ensemble, il y a déjà pas mal d'années. Pas très rassurés, nous avions à peu près la tête que fait Broussaille !
Il fallait cette rencontre avec un noir " moderne". D'abord parce qu'ils existent et aussi pour faire contrepoids à l'Afrique en cendres qui existe également et que va découvrir Broussaille à travers Sandrine. J'ai connu, je connais encore de ces noirs très cultivés, issus de classes aisées, pratiquant parfois par autodéfense un humour anti blancs, et qui sont souvent très attachants ... quoique très mal vus dans leur pays d'origine !

Le gosse qui pleure sans arrêt dans l'avion : ici aussi, c'est une anticipation qui "annonce " Sandrine. Pauvre Broussaille qui, au sortir de l'avion croyait en avoir fini avec les pleurs et les hurlements enfantins ! Idem, réutilisation du mot "couleur" associé à des cris et des pleurs, et le mot "échauffement" : encore des anticipations sur ce que va bientôt découvrir Broussaille.

Tante Hélène : (voir page qui lui est consacrée...)

Eléonore : (voir page qui lui est consacrée...)

La "crise" d'Eléonore. Très difficile à faire : passer très rapidement de la joie et la tendresse à l'épouvante à partir d'un même personnage, dans un même temps. On s'en est pas mal sortis, je trouve. Frank montrant superbement les lignes de force des corps qui s'écartent l'un de l'autre.
Admirable case de Frank montrant Broussaille tout à sa peine, le poing sur la bouche. On ne parle pas dans ces-moments là.
Le problème avec cette histoire était de ne pas tomber dans la sensiblerie ou le pathos, ou pire encore, dans l'enfoncement de portes ouvertes. Pour ma part j'ai essayé, j'ai voulu essentiellement rester dans l'humain et dans le suggéré. A quoi bon montrer des tueries. Ca fait d'atroces/belles images dans les journaux (ou les bandes dessinées ), et si vite oubliées. Mais montrer un humain marqué par les massacres (Sandrine) ou une femme désespérée devant le traumatisme d'un enfant (Hélène) me semblait beaucoup plus parlant. Et tellement plus universel. De plus, sans aucun cynisme, c'est les vivants qui comptent. C'est les vivants qui souffrent encore. Et qui peuvent essayer que cela ne se reproduise plus.

La naïveté de Broussaille : (voir page qui lui est consacrée...)

BABOUKATOU. Je savais dès le départ l'importance que prendrait ce mot. Voir plus loin. Sandrine, au sens propre du mot, est incomprise, malgré les tonnes de tendresse qui l'entourent. Mais bientôt son Prince viendra...

"Vallonné" : j'aime cette image de grands ados reluquant les filles. Eh oui : Brou est aussi comme çà, et c'est très bien, je trouve. Et puis ces filles sont si jolies ! Sacré Frank ! Et sacrée Afrique !

Broussaille mange ses brochettes. A noter que Sandrine sourit pour la première fois... pour se moquer de Broussaille !

Les gorilles. Cette séquence des gorilles est tout bonnement admirable. Je parle du dessin, bien sûr !
Broussaille est malade, affaibli, et donc plus réceptif. A l'Afrique, à ses légendes, à sa grand-mère qui, ici aussi, est assimilée à l'ancienne Afrique, celle des crocodiles à présent en voie de disparition. Et bien sûr aussi à Sandrine.
Sur un autre plan, c'est aussi une initiation pour Broussaille. Il faut être malade, ou boire la coupe amère pour entrer dans un autre plan et mieux comprendre.
Et voici le pivot caché de l'histoire : c'est Broussaille qui, allant vers Sandrine, lui dit "le" mot. A la différence de Perceval (voir page sur Broussaille, N.d.WM) qui lui, ne l'a pas dit et en subira les conséquences tout au long de ses aventures, ici, en prononçant ce mot "qui ne veut rien dire" (page 40), Broussaille est entré dans l'imaginaire, dans le monde même de Sandrine. Dans l'Afrique. Il a fait "le Pas" vers elle et va très vite être payé de retour !
(Je suis pas trop sérieux , là ? !? )


Alex : (voir page qui lui est consacrée...)

Le lac et la mort d'Eléonore. Un lac calme et une vieille dame qui meurt après la révélation d'un ultime bon tour joué aux infirmiers. Il faut avoir le courage de marcher vers sa mort. Marchant vers son ancienne maison, Eléonore va rejoindre Josué et la vieille Afrique. La photo de Sandrine montre encore à quel point Eléonore aimait la petite.


Le crocodile - sorcier, immense, est-il vraiment issu de l'imagination de Broussaille ? Je n'en dirai rien, na !

Et enfin la révélation ultime marquant le fait que Sandrine est bien l'Afrique : le cri de l'oiseau "baboukatou !" qui prend son envol... Et le sourire complice et moqueur de Sandrine qui souligne l'évidence !

Et enfin le retour, Catherine, le chat. Sandrine, comme Broussaille, ne sera plus jamais la même. Quant au chat, vaguement jaloux et redoutant un nouveau départ de Broussaille, il regarde d'un œil méfiant le masque africain. L'avion dans le ciel indique qu'il n'a peut-être pas tort !

Michel de Bom.

Lu 10019 fois Dernière modification le samedi, 08 mai 2021 14:28

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