Sixième croquis qui sera publié dans le tirage de tête
Cinquième croquis qui sera publié dans le tirage de tête
Quatrième croquis qui sera publié dans le tirage de tête
Visuels de la couverture
Troisième croquis qui sera publié dans le tirage de tête
Second croquis qui sera publié dans le tirage de tête
Un des croquis qui sera publié dans le tirage de tête
Ex-libris qui sera inséré dans le tirage de tête
Texte concernant le tirage de tête par Khani
Un beau Cadmium.
Telle est la couleur jaune du Marsupilami d’André Franquin.
Ce marsupilami génial à la queue phénoménale a été créé dans un style totalement humoristique, avec la claire volonté de faire sourire.
Quand j’ai abordé cet animal dans un tout autre registre, plus réaliste, je me rappelle qu’une évidence s’est imposée à moi : il fallait une couleur plus naturelle, plus crédible, qui s’harmoniserait mieux avec les miroitements de la jungle. Une couleur fauve, oui, comme celle des jaguars, des panthères ou des ocelots, ces splendides pelages à mi-chemin entre mimétisme et signalétique. En ce qui concerne l’histoire, pour les personnages, les décors, et les ambiances, je voulais restituer les images enfouies du Bruxelles de ma petite enfance. Des images sombres, tristes et vivantes à la fois : le Bruxelles d’après-guerre et d’avant 58. Ces rues où le gris dominait, ces bâtiments néo-classiques vaguement menaçants. Et puis les trams, petites virgules brinquebalantes qui apportaient une touche de jaune pâle au tableau.
En définitive, plus j’y pensais et plus cette histoire devait trouver une gamme passablement oppressante où la couleur, présente malgré tout, serait alliée au sombre, sans aller jusqu’au noir et blanc. Une gamme dé-saturée pour les couleurs et sur-saturée pour les noirs.
C’est en travaillant sur un papier « torchon » que j’ai trouvé les meilleurs résultats. Les couleurs avaient une forte tendance à virer vers le gris, ce qui, en temps normal serait un vrai problème, mais dans ce cas-ci, était la qualité souhaitée.
Les pages sortaient dans une ambiance rabattue, aux matières rugueuses. L’étape du scannage fut particulièrement suivie pour ne rien perdre des subtilités dans les gris, les scans retravaillés pour renforcer les contrastes et faire ressortir certaines couleurs ou lumières désirées, et à l’impression il fut essentiel de pousser les curseurs au maximum pour saturer le papier un peu trop buvard ( mais tellement agréable ! ) et obtenir, in fine, ces tons « vintage ».
Pour la présente édition, nous avons voulu, avec le graphiste, aller encore un peu plus loin : pousser la couleur dans ses derniers retranchements pour tenter d’encore améliorer les qualités ultimes : les ombres et les lumières. Ainsi, le parcours a-t-il été jusqu’au bout du bout : l’œil du lecteur-animal peut s’aventurer, très voyeur, par les interstices de la matière pour plonger dans la mémoire secrète de l’enfance où la réalité bruxelloise et l’imaginaire à longue queue se mélangent sans contrainte,gageant que le regard gourmand en sera complice !
Frank Pé
24 janvier 2021
Premier visuel fourni par Khan le 12 mars, projet de jaquette